Gilles Dagusé prend régulièrement la parole dans les médias pour défendre et valoriser le métier de la réparation. Président du réseau national STARSAV regroupant des entreprises de réparation agréées, il est aussi à la tête de la Clinique du ménager 25. Face à la crise du Covid-19, il évoque la mise en place de solutions concrètes pour sa station technique ainsi que pour l’ensemble du secteur.
Comment avez-vous réagi à l’annonce de la crise au sein de votre entreprise de dépannage ?
J’ai créé mon entreprise il y a 20 ans à Besançon, aujourd’hui nous sommes présents sur 4 départements avec une équipe de 13 collaborateurs. La réparation est une affaire de famille depuis 1966. C’est pourquoi, je suis personnellement engagé dans l’aspect humain du métier. Nous avons donc décidé de fermer pendant un mois et demi afin de prendre le temps d’évaluer la situation et de s’organiser. Car malheureusement, nous sommes dans l’Est la zone touchée de plein fouet par l’épidémie. 45 % des stations techniques ont arrêté leur activité les premières semaines.
Puis très rapidement, le conseil d’administration du réseau STARSAV et moi-même, avons mis en place des mesures de protection pour la profession. Nous avons supervisé l’achat et l’envoi gratuit de masques et de visières aux membres du réseau.
Quel a été le challenge le plus difficile à surmonter pour le secteur de la réparation ?
La reprise du travail sans protections ni mesures de sécurité n’était pas possible. Effectivement, le métier de réparateur est très exposé, car 90 % des dépannages ont lieu aux domiciles des consommateurs avec une moyenne de 8 interventions par jour. De plus, un technicien parcourt en moyenne 250 kilomètres par jour à bord d’un véhicule de société ce qui augmente le risque de contamination ( voir la vidéo sur les bons réflexes à adopter). Ma priorité a d’abord été de communiquer avec mes équipes pour préparer leur retour en diffusant les protocoles de sécurité mis en place par le réseau STARSAV et partagés avec le GIFAM, groupement d’appareils pour la maison (voir l’article STARSAV : le métier de la réparation solidaire face à la crise)
Lors de la réouverture, j’ai préparé pour chacun un kit de sécurité contenant des masques, du gel hydroalcoolique et du matériel de désinfection. Toutefois, nous avons opté pour une reprise progressive. Les premiers temps avec un système de drive. Puis, fin avril, nous avons organisé le retour sur le terrain avec un nombre réduit de visites à domicile.
Comment évaluez-vous l’impact de la crise COVID-19 ?
L’impact économique pour mon entreprise s’évalue en centaines de milliers d’euros de pertes. Les appels pour des dépannages ont diminué de 75 % depuis mars. Nous devons aussi faire face au rallongement des délais de livraison des pièces. Pendant les six prochains mois, il faut s’attendre à des répercussions sur le temps de réparation des appareils. Ce qui ne m’empêche pas d’embaucher quatre nouveaux collaborateurs dans mon équipe !
Je ne suis pas inquiet, nous sommes un secteur solide avec l’avantage de faire partie du réseau STARSAV. Il regroupe des structures de taille moyenne plus agiles que de grands groupes et plus stables que des artisans. C’est pourquoi, nous avons pu réagir efficacement et rapidement face à la crise.
En maintenant le secteur à flot, nous poursuivons notre mission avec deux enjeux majeurs : favoriser l’apprentissage des jeunes et la sensibilisation du grand public.
Retrouvez les conseils sur la réparation de Gilles Dagusé sur France Bleu dans l’émission “LES EXPERTS” et en replay le programme sur FRANCE 3 “Obsolescence programmée”